imprim'vert ZTL                        

  Le visage socio-économique des Éditions ZTL-ZéTooLu                              

 

               La maison d’édition nantaise ZTL ZéTooLu, créée par Sandra Todorovic, a 3 ans et compte 19 titres. Sa production est singulière pour le travail éditorial spécialisé qui est déployé ainsi que pour son engagement social revendiqué.

               La première chose qui singularise la production des éditions ZTL c’est le projet de « lecture confortable ». Cette idée a été développée pour toucher en priorité une catégorie de lecteurs mis de côté : les personnes atteintes de handicap dys (dyslexique, dyspraxie) et d’hyperactivité. C’est d’abord, une réalisation pratique grâce à une charte graphique unique qui tend à résoudre les obstacles de lecture en alliant le médical et l’éditorial pour apporter une solution toute prête à des professionnels ou particuliers souvent démunis. Cette dernière a été élaborée à partir des 3 000 réponses reçues à une campagne de sondage et à un travail en association avec des orthophonistes, des professeurs et des lecteurs dys. Elle inclut une mise en page adaptée avec plus d’espaces et l’accentuation de la ponctuation. Les auteurs n’utilisent pas de structures de phrases problématiques, comme les interro-négatives. Le vocabulaire est précis, enrichi et reste accessible au public cible. Les illustrateurs dessinent par rapport au texte pour éviter les faux-sens entre les deux types de narration.

               C’est aussi un travail des formats. Ils ont été choisis dans la même logique : adapter la forme pour accompagner le lecteur vers l’autonomie. On retrouve les albums en 20x20cm et les poches en 12x18cm, des gabarits à dessein proches des normes. Le format « cahier » en 14x21cm, quant à lui, est un modèle de transition original. Son rôle est de permettre à l’enfant de se détacher de l’album, symboliquement pour les petits, sans avoir à passer l’étape marquante du roman.

               C’est aussi un projet porté sur l’inclusion. La production n’est pas étiquetée « dyslexique » car elle rend l’objet-livre adapté et neutre grâce au label « lecture confortable ». Cela permet à l’enfant de s’approprier l’usage de la lecture, en suivant les mêmes paliers mimétiques que ses pairs. Par exemple, être capable de lire à la même vitesse que ses camarades à partir du même ouvrage, c’est l’objectif des cahiers. Ces ouvrages sont une solution aux disparités de niveau car les lecteurs empêchés ou non peuvent lire sur le même support. Une politique d’inclusion qu’on retrouve dans les illustrations de personnages qui sont toujours de différentes ethnies ou condition physique. Cette production se fait le reflet des différences tout en cherchant à rendre tous les lecteurs égaux.

               La singularité de la production se trouve aussi dans le rapport qualité/prix. Les Éditions ZTL proposent les prix les plus bas comparés aux autres collections « dys » alors que tous les ouvrages sont imprimés en France sous la charte imprim’vert. De plus, chaque titre est imprimé à hauteur de 2000 exemplaires ce qui permet leur stockage jusqu’à écoulement total sans passer par le pilon, réduisant ainsi la pollution, et sans participer à l’accélération du cycle du livre. La maison d’édition prouve que l’accessibilité ne passe pas seulement par l’éditorial. Aussi quatre albums, cinq cahiers et trois poches sont à 5,50 € ; quatre cahiers et deux romans poche à 7 € ; un roman adulte à 9 €. C’est un engagement économique qui tend à démocratiser l’accès à la lecture.   

          

               Un dernier point : la maison s’auto-diffuse et propose ses livres en vente directe ou sur son site internet et en dépôt dans des librairies. Un choix économique et pratique car ces deux chaînons, diffusion et distribution, prennent entre 10 et 15 % du prix du livre. Un investissement difficile pour les petites éditions qui préfèrent consolider leur trésorerie ou agrandir leur collection. La mobilisation des publics autour de cette production a d’ailleurs permis la parution d’un roman pour adulte Krampouès. 4 765 €, sur les 3 700 € demandés, ont été donnés lors d’une campagne participative en mars 2019, preuve d’un véritable engouement. Les sollicitations ont également mené à la parution de deux titres en bilingue français/anglais et de quatre adaptations de contes classiques servant de support scolaire.

Liza Todorovic

05/04/2021